Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[154]
LA MAISON

Elle a cent fois pour eux changé la face du monde ; la vie a comblé leurs cœurs de souvenirs ensoleillés et aussi de souvenirs douloureux.

La mort parmi eux, prématurément a fauché ; et pour les autres se continueront sans trêve les inégales destinées.

Quelques enfants, insouciants et gais, mettent aujourd’hui leurs pas dans les pas effacés de ceux qui eurent ici vingt ans ; ils sèment leurs propres souvenirs dans le beau cadre qui n’a pas changé. La mer bat du même rythme la même plage de sable fin ; et, pendant que cette enfance brûlée de soleil court vers les vents du large, les parents regardent, dans un prisme invisible pour les autres, reparaître, un à un, et tout éclairés, les beaux jours, les grands jours enfuis.

Passé, avenir, pourquoi l’homme ne sait-il vraiment vivre que dans l’un ou dans l’autre, au mépris du présent ?

Chandler, août 1938.