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LA MAISON

et toute pénétrée de son importance. Pensez donc. Marcher si près du bon Dieu, multiplier les génuflexions, éteindre des cierges hauts qu’on n’atteint qu’avec peine même dressée sur la pointe des pieds, ranger l’autel, le recouvrir du tapis de feutre, et mettre ce tapis bien droit, en s’appliquant… Elle penche la tête à droite, à gauche. Elle est contente de son rôle, mais ne se doute pas qu’elle est fine à regarder, pour chacun de ses gestes. Elle n’est pas fière de ses épais cheveux bruns dont elle n’apprécie pas la couleur trop pâle, ne pouvant pas savoir à son âge, que ces reflets blonds qui les ondulent sont une véritable richesse. Elle ne se soucie pas de ses yeux, de ses yeux extraordinaires, frangés de cils touffus, frisés, comme on en voit souvent sur les images, mais jamais, ou presque, dans la réalité. Elle ne sait pas qu’elle est une distraction pour ceux qui l’aiment, dont elle interrompt l’action de grâces, qui se prennent à suivre avec attendrissement ses pas menus, son attention qui touche, sa douceur d’attitude, et sa joliesse…

Quand ils sont sages, les petits enfants, quand ils mettent toute leur âme dans leurs mouvements, quand ils posent pour nous sans le savoir, on pleurerait à les voir, tant il y a de grâce pure, et de charmes en eux. Esther ne pense pas à la parole de Jésus, à son « Laissez