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La maison aux phlox

C’était une toute petite maison en retrait, à côté du dos nu, blanchi à la chaux, d’un hangar de couvent. Une toute petite maison qui regardait la rue avec des yeux cernés de vert ; la rue où il ne passait rien ni personne.

La petite maison, d’ailleurs, à cœur de jour semblait dormir. Pour découvrir sa vie, ses habitudes, ses habitants, il fallait un peu plus loin pousser la porte de la cour, aller en arrière où s’ouvrait, accueillante, la cuisine au plancher jaune, brillant comme un lac de soleil traversé par des ponts de catalogne pâle.

Mais avant de pousser la porte de la cour, toujours Lise se penchait au-dessus de la grille à claire-voie du parterre et mettait son visage dans les phlox parfumés et vivants, qui décoraient l’abord de cette façade trop propre et trop immobile.

Parfois, la tentation étant forte, Lise arrachait une tige, mais alors elle n’entrait pas ensuite dans