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AUX PHLOX
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Le « Goblin »

À sa proue, on lit encore : The Goblin. Un temps, il fut le roi de la baie. Sur de vieilles cartes postales de l’endroit, vous verrez l’image de ses jours heureux. Au fond de l’anse pittoresque où s’appuient le quai et la dentelure de la falaise, toutes voiles dehors, il posait alors, brillant de jeunesse.

Puis il prit la mer et la prit si bien qu’un jour, y restant, il la but. Il s’était heurté à une roche aiguë ; on eut juste le temps de sauver les gens qu’il promenait. Deux ans il sommeilla au fond de l’eau, puis, son mât dépassant, on décida de le renflouer. Il revint au port, piteux, sans voiles et, dans l’anse qu’il avait éblouie de sa magnificence, il se coucha sur le flanc, brisé.

C’est ainsi qu’en arrivant au pays nous l’avons vu. Les enfants voulurent admirer de près les beaux restes de sa splendeur. Il était énorme et l’on voyait qu’il avait eu de belles couleurs. Son grand mât était impressionnant,