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LA MAISON

— Il faudra venir quand il descendra.

Ils nous assuraient qu’il descendait une fois par année, pour des raisons plus ou moins distinguées. Nous nous sauvions en rougissant.

Devant l’hôtel, dans le terrain qui rejoignait le chemin du bord de l’eau, des murailles se dressaient déchiquetées. L’on y voyait encore le cadre de nombreuses et très grandes fenêtres. Nous errions là parmi les débris de mortier, intrigués par le mystère de ces ruines autant que par le petit capitaine de bois.

Je n’ai jamais su non plus ce qu’elles avaient été. L’histoire détaillée de mon village natal, est-elle écrite quelque part ? Et je suis partie si jeune que je ne connais même pas l’histoire orale.

Déjà, pourtant, les vieilles maisons que contenait L’Assomption me fascinaient. Je repense à celle des Viger. Elle rasait le trottoir, elle avait de nombreux contrevents lourds que retenaient de grands S en fer rouillé. Son jardin enclos de hautes murailles se prolongeait jusqu’à la rue en arrière, où, continuant les murs, s’élevait un petit pavillon sans fenêtre visible, en grosse pierre des champs, surmonté d’un étage et d’une terrasse. Rien ne me parut jamais plus romanesque. Deux enfants vêtus de velours se penchaient parfois à la balustrade. Comme jamais je ne les vis sortir, je les croyais séquestrés.