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hobo d’occasion

Pourquoi les gens, tassés les uns au-dessus des autres, de trois étages en trois étages, et habitant des logements à un seul œil en avant et presque un seul en arrière, n’avaient-ils pas l’air de s’apercevoir de leur misère ? Louis rageait pour eux ; il aurait voulu les réveiller de leur léthargie ou de leur ignorance et les voir tous plus exigeants. Il devenait violent quand il pensait à cela. Et la vue du grand parc aux belles piscines, lui fit concevoir ce que des urbanistes pourraient un jour faire pour notre Montréal qui jouissait aussi d’un site si extraordinaire…

Il remarquait qu’à Vancouver la plupart des maisons, pourtant, n’étaient qu’en bois. La brique semblait rare, elle ne recouvrait que les usines, les entrepôts.

La ville visitée dans tous ses coins et recoins Louis s’immobilisa une fois encore pour contempler le Pacifique. Il aurait eu bien envie de se rendre à Victoria. Mais il ne fallait pas courir le risque de se trouver en mauvaise posture, à un moment donné, sans argent. Sa bourse s’aplatissait à bien manger, bien dormir.

Il dit donc adieu à l’Océan, se promettant d’y revenir ; puis, se détournant, il s’en fut à la gare prendre un billet de retour. Puisqu’il avait tout vu ce qu’il voulait voir, du meilleur wagon-observatoire qu’il soit possible de trouver, le fourgon à marchandises, il pouvait pour un bout, voyager comme les autres…

Tout à coup, il revécut son premier voyage en « fret ». Il avait douze ou treize ans. Un serre-frein qui le voyait depuis quelques jours, toujours