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le château

au cœur de la malade et Marielle la consolait, l’encourageait :

— Tu verras, ce ne sera pas toujours ainsi. Quand tu pourras comme moi courir les bois, tu seras de nouveau heureuse.

Le temps passa. Suzanne allait mieux. Elle descendit au soleil sur la terrasse, elles retrouvèrent les fous-rires de leur enfance toute proche. Elles discutèrent sur des sujets trop graves ; mais le sujet mariage, mari, qui avait auparavant fait si souvent l’objet de leurs méditations à haute voix, Marielle s’en éloignait comme du feu. Sans un miracle, pour Suzanne, il n’était plus question d’une vie normale, avec des devoirs fatigants, des courses, des tâches un peu lourdes.

Mais la vie était bonne sur la terrasse. De cela toutes les deux pouvaient remercier Dieu. Marielle le disait, voulant que Suzanne fût de son avis.

— Madame la châtelaine, criait-elle soudain, venez donc vous reposer avec nous…

La châtelaine venait, mais elle n’était pas assise depuis cinq minutes qu’une des bonnes paraissait dans la porte ; on réclamait encore Madame pour quelque chose !

— Maman l’aime son château ! mais c’est comme ça tout le temps. Elle n’y est pas une minute tranquille.

Elle revint un peu plus tard, mais pour rappeler à Suzanne qu’elle devait pour obéir à la faculté, faire sa sieste.

— Je dois descendre chez le fermier. M’accompagneras-tu Marielle ?