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enthousiasme

aurait dans la jaquette des plis crevés sur un tissu contrastant.

Marise s’admirait déjà même si son couturier ne l’admirait pas.

L’essayage finissait. Il ne s’agissait plus que de décider de la longueur de la jupe. Douze, quinze, ou seize pouces de terre ? Il releva le bord de l’étoffe, se pencha, regarda les jambes par-dessus ses grosses lunettes… Marise s’imagina qu’elle devenait cagneuse. Mais non. Constatant que là, il n’avait vraiment rien à corriger, il disait :

Make it short…

Marise s’apaisa. Enfin, quelque chose d’elle trouvait grâce devant cet œil implacable. Il approuvait mollets, chevilles et pieds !

C’était tout. Elle remettait son manteau de fourrure. Elle reviendrait quatre jours avant sa fête, qui tombait cette année sur le matin de Pâques.

Dehors, elle éclata de rire, au risque de passer pour folle, en revivant la scène à laquelle comme mannequin, elle venait d’assister, mais elle était tout de même un peu déconfite. Elle qui s’était imaginée qu’elle était assez belle fille ! non seulement de traits, mais de taille.

Eh bien, cela lui apprendrait, dirait sa mère, à courir les tailleurs à soixante-quinze dollars !

Her neck is too long…

Her shoulders are much too broad…

Her waist is too small…

She is so hippy…

She is too narrow…