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jane

Jane continua à chanter. Dans toutes les lettres, il parlait du mariage et priait Jane d’arranger son départ pour le quinze décembre. Comme sa patronne hésitait à la laisser repartir pour une seconde aventure qui pourrait bien ressembler à la première et avoir des conséquences plus désastreuses, elle reçut elle-même une lettre de la Saskatchewan. C’était un curé qui lui écrivait. Il lui donnait les références les meilleures sur son jeune paroissien, lui disait que tout était arrangé et que des religieuses recevraient la jeune fille en attendant le mariage, et qu’elle trouverait l’argent, du voyage que le jeune homme envoyait.

Tous les dires de Jane étaient confirmés ! Dick avait une ferme. Son affaire allait bien. Seule une femme manquait dans sa maison. La patronne, songeant aux qualités ménagères si négatives chez Jane, plaignit malgré elle le jeune homme qui, par ailleurs, prouvait de l’intelligence et du tact. Mais quoi faire ?

Une fois de plus, elle accompagna Jane pour ce nouveau voyage. Cette fois-là, c’était à la gare Windsor, un soir d’hiver déjà bien froid, et Jane eut encore une crise de peur et de recul au dernier moment, et elle ne voulait plus ni s’en aller, ni se marier.

Mais l’heure de départ d’un train est encore plus inexorable que l’heure d’un départ de paquebot.

Dans la vapeur, les wagons décollèrent, lentement, emportant Jane le nez aplati sur la vitre, et de grosses larmes roulant drues sur ses joues…