Page:Le Normand - Enthousiasme, 1947.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
enthousiasme

ajouté, connaissant les principes de sa maîtresse, c’était un jeune homme bon, bon, pas méchant, pas dangereux…

Sans doute, sous le coup de ses récentes émotions, avait-elle raconté là, ce qu’elle taisait ici : le beau-frère et la mère au-devant d’elle, son argent qu’on lui avait tout de suite demandé sous le prétexte de le mettre en sûreté, et une saoulade, et la nuit affreuse qu’elle avait passée dans une espèce de bouge, abandonnée, si bien qu’elle avait regagné le bateau comme un refuge… même si elle ne comprenait encore rien de ce qui se passait. Et Dick l’avait prise en pitié, et Dick avait fini par lui faire comprendre ce qui était arrivé, et qu’on ne l’avait invitée que pour avoir son argent.

Assez intelligente pour avoir honte d’avoir été dupe, piteuse, elle cacha tous les détails de cette aventure à sa patronne. Elle ne parla que de la vie à bord et de Dick. Mais comment ne pas penser que là aussi, elle s’était illusionnée ? et qu’elle parlait à tort et à travers, suivant son habitude ? Était-ce vraiment possible qu’un jeune homme lui eût prodigué tant d’attentions ?

Regardant Jane, sa patronne s’aperçut alors qu’elle était devenue jolie et que son air de boîte de surprise, pour ceux qui ne la connaissaient pas, pouvait avoir le charme de l’innocence, de la naïveté si seyante à la jeunesse. Et sûrement, Jane n’était pas rusée, cela, Dick pouvait en croire ce qu’il avait vu.

Quoiqu’il en fût, le destin de Jane fut fixé. Ce voyage ridicule, coûteux, ce voyage aurait servi à quelque chose ! Dick continua à écrire et