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Elle, Josépha de Frochement, elle, l’abbesse souveraine des Bleuets, elle, la grande, noble, belle et puissante dame, qui traitait d’amour avec les plus hautes personnalités du monde ; elle, la voluptueuse sirène qui se délectait aux ivresses de la chair avec ses femmes et ses moines, elle, dont on vantait l’irrésistible charme au dehors, elle, elle avait pour amant Maillouchet.

Les lèvres du jeune homme s’entr’ouvrirent dans un sourire, comme s’il eût pressenti l’étude que sa maîtresse faisait de son individualité, et ce sourire pénétra le cœur de la jeune femme. Elle se pencha pour le cueillir sur sa bouche, elle s’arrêta, se recula, murmura :

— Ne l’éveillons pas.

Debout au pied du lit, elle lui envoya un baiser où toute son âme vola, puis se réfugia dans son cabinet de toilette, où Bottelionne s’occupait de préparer tout ce qui lui était nécessaire.

En la voyant apparaître, la complice de Marthe se laissa aller sur les genoux et balbutia :

— Il n’y a pas de ma faute dans ce