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d’être et de demeurer l’élu, viens, je te prends pour demain, pour toujours.

Elle se laissa aller dans ses bras, ils se trouvèrent agenouillés l’un contre l’autre, elle lui tendit les lèvres, il y posa les siennes. Le baiser qu’ils échangèrent parut ne devoir jamais se terminer ; l’abbesse disparaissait derrière la femme ; elle sentit autour de sa taille ses mains qui tremblaient, la pressant avec plus de passion ; elle dégrafa la grande croix d’or qui fermait le corsage et le haut de la jupe, elle lui guida la main vers les seins ronds et fermes, elle lui dit :

— Je vis ton amour, tes désirs, mon amant, mon sauveur, nous sommes des insensés de nous attarder ici ; que ma chair t’inspire la patience nécessaire, tu es fort, tu es puissant, emporte-moi, ne restons pas davantage dans ce vestibule, je te le commande, tu as assez touché.

D’un bond, il fut debout, la prit dans ses bras comme si elle eût été une petite enfant, et courut à travers une longue galerie, atteignit rapidement avec son cher fardeau l’appartement abbétial.

Elle appuyait la tête sur son épaule,