Page:Le Nismois - L’Armée de volupté, 1900.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 26 —


tompait dans la demi-obscurité du coupé, il constatait une ressemblance de plus en plus marquée avec Lucette.

Jusque dans la voix, il retrouvait de ses intonations, et parfois, le regard qui brillait d’une douce ou d’une narquoise expression, le faisait tressauter, l’incitait à se demander s’il n’était pas le jouet de quelque hallucination.

Sur la banquette assez étroite, en face, Yvonne demeurait silencieuse, comme dégagée de la scène qui se jouait sous ses yeux : son visage, au teint mat, ne trahissait aucune émotion, et cependant, par moments, ses regards se croisant avec ceux de sa maîtresse, d’une imperceptible inclinaison de tête, elle approuvait ses paroles.

— Rêvez ou agissez ! avait prononcé Lucie.

De fait le rêve et l’action sollicitaient Émile.

Une femme, de beauté éblouissante, se trouvait à son côté, l’autorisant au sentiment ou à l’audace, et il se sentait mollement bercé par le sourire qu’elle lui accordait, par le regard empreint de