compte personnel. Quatre-vingt mille
francs de rentes à gérer : des soucis et
des ennuis pour toute une existence. Ces
malheureux riches, on ne les plaindra jamais
assez ! Néanmoins, un bon point à
l’actif d’Émile : il s’intéressait à quelques
amis moins fortunés, leur prêtait parfois
de l’argent, sans conditions, un comble,
quand ils lui en demandaient pour une
idée qu’il trouvait bonne, et chose non
moins extraordinaire, l’idée réussissant,
on lui rendait son argent avec une grosse
part de bénéfice, qu’il refusait, mais qu’on
l’obligeait à accepter, sous le prétexte
que ça servirait à augmenter sa caisse de
prêt.
Cette caisse, il l’avait vue grossir, au point de constituer une petite fortune à côté de la sienne, et voilà qu’elle avait fini par lui imposer tout un travail de comptabilité et de correspondance, les amis satisfaits recommandant leurs amis en quête d’un capitaliste bon garçon, qu’il ne repoussait jamais sans s’être instruit sur la valeur de l’homme et de l’idée soumise à son jugement.
Son esprit, distrait ce jour-là, lisait