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ce qu’on voudrait, elle ne voyait rien au-dessus de sa maîtresse.

Irène était toute prête : la contemplant figée dans le plaisir cérébral qui engourdissait ses facultés, Annina voyait bien en elle la déesse attendant la prière de l’humble mortelle. Irène lit un simple signe, elle comprit et le cœur presque mort, obéit.

D’un doigt Irène avait montré un petit coin de sa bouche et sur et petit coin, Annina posa les lèvres.

La sensation fut si vive pour la fillette qu’elle tomba de nouveau à genoux, la tête sur le tapis, aux pieds de sa maîtresse, qui recula lentement et lui dit :

— Range tout et, à notre retour, sois belle et parée.

Elle releva la tête, joignit les mains et répondit :

— Soyez tranquille, ma jolie Sainte-Vierge.

Elle avait choisi cette expression qui rendait le mieux sa pensée.

Au bal, Irène, après avoir embrassé sa sœur et l’avoir d’un seul coup d’œil mesurée dans toute sa contexture physique et dans toute sa valeur morale, reconnut en elle une autre nature