Page:Le Negre du Narcisse, trad. d Humieres, Gallimard 1913.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la nature ». Il n’est pas moins grand qu’eux, il est seulement plus difficilement accessible.

Arrêter pour un temps les mains occupées aux œuvres pratiques de la terre, obliger des hommes absorbés par la vue lointaine de succès matériels à contempler un moment autour d’eux une vision de formes, de couleurs, de lumière et d’ombre ; les faire s’arrêter, l’espace d’un regard, d’un soupir, d’un sourire, tel est le but, difficile et fuyant, et qu’il n’est donné qu’à bien peu d’entre nous d’atteindre. Mais quelquefois, par l’effet de la grâce et du mérite, même cette tâche-là peut être accomplie. Et lorsqu’elle est accomplie — ô merveille ! — toute la vérité de la vie s’y trouve : un moment de vision, un soupir, un sourire, et le retour à un éternel repos.

J. C. 1897.