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reste n’étoit pas de même. Je me levai de bonne heure pour être à même de le recevoir : il vint effectivement, et je ne le fis pas attendre. Quelle fut sa joie lorsqu’il me vit ; sans presque pouvoir me parler, dès que les grillons furent ouverts, il me sauta au col : j’étois bien éloignée de le rebuter, et lui rendis ses caresses, en prononçant quelques mots mal articulés : sa bouche et ses mains se colerent sur mon sein. Malgré la satisfaction que j’avois, je me débarrassai de ses bras, et m’éloignai un peu, en lui disant : vous devez être content ; direz-vous que je vous ai mal reçu ?… Pardon, mille fois, belle Angélique, mes plaintes partoient d’un cœur qui craignoit de perdre le seul objet qu’il aime. Approchez-vous donc ?… Non, et qui plus est, je ne peux pas rester ici plus longtemps. Qu’entends-je ! reprit-il ? Pour le rassurer, voyant qu’il alloit recommencer ses lamentations, je lui dis de me suivre, que ma Bonne vouloit bien que nous nous vissions dans son appartement. Il ne se le fit pas répéter : nous nous y rendîmes. Après les honnêtetés ordinaires, il s’assit près de moi, me dit quelques douceurs, mais il n’osa passer outre. Ma parente ne put s’empêcher de sourire, et sortit.