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aucune douceur, et lorsqu’il vient ici ce n’est que pour Susanne ; je le trouve on ne peut pas plus aimable, beau garçon ; et si je ne t’aimois pas autant que je le fais, je m’en serois bien arrangée.

Susanne.

Qu’est-ce que c’est que ce propos ! n’en as-tu pas un ?

Agathe.

Fort bien, embrasse-moi, ton cœur te trahit ; tu t’attendris, ma bonne amie, tu l’aimes, ce n’est pas d’aujourd’hui que je le sçais ; et pourquoi ne pas le rendre heureux.

Susanne.

Puisque tu as sçu si adroitement découvrir mes sentimens, je vais te parler avec confiance, et ne te rien cacher. J’aime dom Rigot autant qu’il peut m’aimer : je suis sûre que mon plaisir égaleroit le sien, si je lui étois moins sévere : je souffre assez de ne pas lui accorder sa demande ; mais quand je pense à l’aventure de la pauvre Richardiere, je tremble de subir le même sort, et si je me suis retirée si subitement, c’étoit la crainte que j’avois de succomber. Je me suis faite