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au palais. Vernier fit beaucoup de complimens à Sylvie, et une demi-heure étoit déjà passée qu’il ne l’avoit embrassée qu’une fois. Sotte maniere de faire l’amour, dis-je ! et prenant leurs deux têtes, je les pressai l’une contre l’autre ; il s’enhardit, lui mit la main sous le menton — et en sçut faire un bon usage. Sylvie s’en défendit, et ne laissa pas que d’aller son train ; je l’animois même en lui répétant plusieurs fois, vous êtes un sot Vernier, si vous abandonnez la partie. Après s’être assuré qu’elle étoit une jolie fille, il l’embrassa de tout son cœur ; voyant pour lors, qu’il étoit temps d’en venir à l’essentiel, je leur dis de venir nous joindre dans la chambre qu’ils savoient ; de notre côté je m’y rendis avec Sylvie, lui donnai en riant, un boyeau de poulet rempli de sang ; elle se l’introduisit, et nos gens entrerent. — Vernier fut bientôt vers ma compagne, lui dit beaucoup de choses passionnés, elle les reçut assez bien ; mais comme il voulut suivre notre avis, en montrant sa dague, et la jetter sur le lit, elle fit toutes les simagrées qui convenoient, pour lui faire encore mieux jouer son rôle. Je vois bien, repris-je, que si je ne m’en mêle, il faudra se morfondre ici, et j’aidai Vernier à la renverser — pour le