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répéter dans les transports amoureux. Il me dit qu’il en seroit fort aise aussi, et aussitôt il approcha le fauteuil, m’y fit mettre à genoux, me fit appuyer sur le dossier, et me plaça comme s’il eût dû me donner un clistere. Il y avoit deux flambeaux sur la table : je tournai la tête ; le miroir me rendit ma posture et celle du Comte, qui, la canule en main me regardoit le derriere. Fais-donc, lui dis je, ne l’as-tu déja pas assez vu ? Il enfila pour lors ; mais non pas le trou de l’apothicaire. Il étoit debout ; je me tins de mon mieux, et lorsqu’il s’apperçut que je l’avois prévenu, ses mouvemens compassés s’accélererent, et en m’arrosant il me l’enfonça jusqu’aux gardes : je tressaillis et perdis l’équilibre, et je serois tombée s’il ne m’eût retenu : il put cependant finir. Nous rîmes beaucoup de cet expédient et après quelques autres singeries, nous nous couchâmes.

Quoique nous avions passé une partie de la nuit à ginguer, nous nous réveillâmes à sept heures du matin, nous rappellant nos perspectives. Il me dit qu’au jour elles devoient être plus sensibles, et alla détacher la glace. Comme mon lit étoit joint au mur, il l’y plaça ; nous nous trouvâmes moins gênés que la veille et inventâmes différentes postures :