Il arriva sur les six heures ; nous restâmes ensemble quelques momens : il ne se possédoit pas de joie de penser que nous pouvions passer la nuit ensemble, je l’obligeai à se modérer jusqu’à ce que nous fussions entre deux draps : je le laissai dans ma chambre et fus souper avec mon papa, pour lui tenir compagnie ; mais je prétextai une indisposition, et ne mangeai rien, me réservant pour souper avec le Comte. Le bonhomme m’ennuya beaucoup, et lorsqu’il se disposa à se coucher, (ce qu’il faisoit tous les soirs de bonne heure) je remontai dans mon appartement ; la cuisiniére avoit pourvû à tout, et notre souper fut assaisonné de mille jolies choses.
Nous nous deshabillâmes, je voulois garder ma chemise ; mais il me l’ôta et en fit autant. J’avois une fort belle glace dans ma chambre, et avant que de nous mettre au lit nous nous y regardâmes : il me fit remarquer comme j’étois blanche et bien faite ; je le savois, car ce n’étoit pas la premiere fois que je m’y étois présentée. Nous nous y procurâmes plusieurs points de vue qui nous firent beaucoup rire ; je lui témoignai même que je souhaitois que ma couchette fût vis-à-vis, qu’il devoit être fort drôle de se voir