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quer à nos plaisirs, et par condescendance pour lui, je consentis à me mettre nue comme la main, ainsi que lui. Nous nous regardâmes, et nous vîmes avec satisfaction, que nous n’avions de couvert que les endroits auxquels la nature avoit pourvû.

Le lit sur lequel j’avois mis des draps blancs pour être plus proprement, nous reçut, et comme deux athletes qui doivent entrer en lice, nous nous prîmes à brasse corps ; le serpent qui avoit séduit notre premiere mere, bien loin de m’effrayer en s’élançant, m’en anima davantage ; il se glissa comme un furet et redoubla ma joie, sur-tout lorsqu’il darda sa liqueur, et qu’elle se maria avec la mienne ; car j’entrai dans une espece d’yvresse. Ce fut pour lors que ce que tu nommes fort à propos le magasin des plaisirs fit son devoir, et que le comte en éprouva un bien grand ; mais il n’est point d’orage qui ne cesse.

Cela ne vaut-il pas mieux, me dit-il encore tout essoufflé ? il m’a paru que tu as beaucoup été satisfaite : pour moi je n’ai jamais été si heureux de ma vie. Oui mon ami, lui répondis-je, cela m’a beaucoup satisfait : ton bonheur, puisque tu le nommes tel, est en ta disposition ; et dès ce moment je te