Lorsque Sylvie m’eut quittée, j’allai rejoindre nos Dames que je savois être ensemble ; elles exigerent que je leur rendisse compte de ce qu’elle m’avoit racontée : je le fis de mon mieux, et elles parurent très satisfaites : sur ces entrefaites je reçus une lettre du Pere Anselme.
Le moment auquel vous recevrez ma lettre sera celui ou je serai exposé à la discrétion des vents : j’aurai autant de plaisir à me rapprocher de vous que j’ai eu de chagrin à m’en éloigner ; mais obligé de plier sous le joug, j’ai été commis pour accompagner au Chapitre général cet homme dont je vous ai parlé dans ma premiere lettre ; je me serois bien passé de cette faveur, et j’aurois désiré qu’on l’eût fait tomber sur un autre : mais je n’ai pu le refuser, et c’est un acheminement, m’a-t-on dit, pour avoir entrée aux premieres charges. Ma patrie m’eut été préférable, et j’aurois eu du-moins le bonheur de vous voir ; je vous apporterai de Rome, de cette ville tant renommée, de fort jolies choses.
J’ai l’honneur d’être,
Votre très humble et très-obéissant serviteur,