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tous deux notre poudre aux moineaux. Je lui donnai le temps de se remettre et je revins également un peu soulagée.

Mon amour pour lui produisoit en moi des effets que je ne puis exprimer ; je sentois à merveille que nous ne pouvions nous voir ainsi avec tant de liberté et attendre le temps que nous nous étions prescrit. Il étoit beau et je l’aimois ardent, je ne l’étois pas moins : comment en rester là ? Je voyois bien que je m’exposois beaucoup, cependant je ne pouvois me déterminer à rompre nos entrevues. Je confiois tous mes secrets à ma compagne favorite, elle me faisoit part des siens, mais elle ne disoit pas tout, aussi lui en fis-je des reproches lorsque je l’eus découvert.

Un jour que je folâtrois avec elle, je vis quelques taches sur son linge et j’eus bientôt connu ce que c’étoit. Ah ! Bélote, lui dis-je, tu ne m’as pas tout dit… Quoi, ma chere amie, qu’est-ce donc que cela ? Elle rougit, m’avoua pour lors qu’elles étoient du jeune conseiller dont elle m’avoit parlé, répondit à toutes mes questions, et me fit un portrait si agréable des plaisirs dont elle jouissoit que cela me donna envie d’en tâter aussi. Ma tante a besoin de moi, demain je te dirai le reste.