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me fit supporter patiemment son absence. Dès que je fus rendue chez nous, je mis dans mes intérêts la cuisiniere qui avoit une chambre seule et fort commode pour mes entrevues : je pouvois compter sur elle ; c’étoit une fille d’un certain âge, en conséquence très-propre à conduire une intrigue.

Sur les onze heures du matin, il me fit savoir qu’il étoit en ville, et me fit demander comment il pourroit s’introduire ; j’avertis ma confidente, et lui fis réponse qu’à deux heures il se trouvât à la porte de la maison et de se laisser conduire par celle qui lui répondroit : cela ne manqua pas ; il étoit négligemment mis pour se faire moins remarquer ; et je le reçus dans cet appartement, pas trop brillant, il est vrai, mais nous en étions le principal ornement.

Après plusieurs caresses qui me plûrent autant qu’à lui, je le fis asseoir près de moi : je ne finirois point si je racontois toutes les particularités qui firent l’objet de notre entretien. Il fallut encore lui laisser tâter mon bijou ; car lorsque nous avons accordé une faveur aux hommes, ils ne nous en tiennent pas quittes pour une fois : mais comme cela m’échauffoit furieusement, j’exigeai de lui qu’il se contînt un peu plus à l’avenir. De temps