Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238

cilité à vous accorder une entrevue à une heure si peu convenable, et si c’eût été tout autre, je ne l’aurois certainement pas permis : mais à quoi cela se réduira-t-il ? monsieur votre pere, comme je vous l’ai marqué, n’y consentira jamais ; d’ailleurs n’y a-t-il pas de votre part un peu de précipitation ? vous m’avez vu, et vous avez aussitôt conçu de l’amour pour moi : peut-être regarderez-vous bientôt d’un œil d’indifférence, celle que vous paroissez aimer aujourd’hui ?…Je ne puis vous laisser finir, Mademoiselle, vous faites tort aux sentimens que vous m’avez inspirés, je vous prie d’un peu mieux les ménager. L’obstacle que mon pere peut apporter, n’est pas si difficile à lever que vous pensez ; la plus grande partie des biens que j’attends, sont de ma mere ; par son testament elle ne l’en a pas rendu maître : de son côté il a peu de chose, et j’en jouirai dès que je serai en âge. Trop heureux ! encore une fois, si en unissant ma destinée à la vôtre, je puis les partager avec vous ! Il me prit la main, la baisa plusieurs fois avec transport, et s’avança un peu pour m’embrasser. Je fis la petite cérémonie, je le lui permis ; aurois-je pu lui refuser ? Je lui dis seulement de se ressouvenir de ce qu’il m’avoit promis. Il fut fort respectueux