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LETTRE

DE DOM DELABRISSE A ANGÉLIQUE.

Ne pouvant aller à l’Abbaye le jour que je t’écrivis, ma chere amie, je chargeai dom de la Mothe de remettre ma lettre à madame Félicité ; elle t’a mandé son oubli, et tu me rends assez de justice pour croire qu’il n’y a pas de ma faute si tu n’as pas reçu plutôt de mes nouvelles. Reçois donc dans celle-ci des nouvelles preuves d’un attachement inviolable. Ma plume est trop foible pour te peindre le tourment que j’endure depuis ton absence ; il n’y a que ma bouche qui puisse te l’exprimer à ton retour. J’ai beau me représenter que tu dois revenir, que tu m’aimes toujours et qu’un jour je rentrerai dans mes droits, tout cela, mon cœur, quoique très-satisfaisant, ne m’empêche pas d’être privé pour le présent de ma belle Angélique. Demeure le moins que tu pourras, je t’en prie, ma chere amie. Ta Bonne m’a comblé d’amitié ; j’y ai été sensible et ai tâché d’y répondre le mieux que j’ai pu ; cependant l’Ab-