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amitié, n’étant pas capable, pour lors, de penser à ce que dans la suite j’ai sçu mettre en usage. Comme je me trouvois souvent avec la compagnie dans le Parc je m’attachois à un jeune Bernardin, qui avoit pour moi beaucoup de complaisance ; la reconnoissance l’exigeoit.

En éprouvant des révolutions qui m’étonnerent, et sur lesquelles ma parente me tranquillisa ; j’arrivai enfin, à l’âge qui nous fait fille : je voyois croître avec plaisir deux petits globes sur ma poitrine, ornement dont les femmes sont si jalouses, mais j’étois beaucoup intriguée du duvet qui se formoit à un certain endroit ; voulant savoir si ma Bonne en avoit aussi, je la regardois un soir changer de linge ; j’en vis assez pour être convaincue du fait. Le lendemain après dîner il vint compagnie ; je fus la joindre au Parc avec ces dames : dom Delabrisse, c’est le nom que je donnerai à mon jeune Bernardin, qui y étoit, ayant fait une absence de près de six mois, je fus fort contente de le revoir, il parut aussi fort empressé, me regarda avec des yeux qui ne lui étoient pas ordinaires, et me dit des choses fort agréables, en prenant de temps en temps quelques petites libertés, sans sortir des regles de la bien-