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après dîner cependant il faut la mener promener, lui faire voir toute la maison, qu’elle fasse connoissance avec nos amies. S’adressant au Cordelier, et vous mon cœur, en l’embrassant, soyez tranquille, ne vous chagrinez pas, tout ira bien. Ma parente lui tint à-peu-près le même langage, et me dit de lui tenir compagnie.

Elles n’eurent pas plutôt le dos tourné que nous éclatâmes de rire de tout notre cœur. Agathe le félicita d’avoir si bien joué son rôle, lui fit quelques caresses : pour un rien je lui en aurois fait autant, mais il m’en exempta la peine, et me donna deux ou trois baisers que j’acceptai de bonne grace : nous allions dîner, nous l’engageâmes à toujours bien se soutenir. Comme il n’y avoit, ce jour-là, aucun étranger à l’abbaye, toute la cotterie vint nous trouver après le repas, tant par la curiosité de voir la niece d’Agathe, que pour passer le tems. Elles lui firent des questions à l’infini, il ne resta jamais court, et pas une ne soupçonna ce qu’il étoit : le lecteur aura de la peine à se figurer ce trait, et moi même, si je n’avois pas été instruite du fait, j’aurois comme ces Dames, donné dans le panneau.

Après vêpres nous allâmes nous promener