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De leur voisin : au feu ils se sont chauffés,
Puis sont allés dormir.
Mais la cendre grise, ils ont oublié
De la disperser au vent.
Elle reste, la cendre, à la croisée des chemins,
Et dans son sein couve
Une étincelle du grand feu.
Elle couve et ne s’éteint pas,
Elle attend qu’on la ranime, comme un vengeur
Attend son heure,
La mauvaise heure. Elle couvait, l’étincelle,
Elle attendait toujours,
Au carrefour vaste et large
Et commençait à pâlir.
Ainsi les Germains ont incendié
La grande maison, et la famille,
La famille des Slaves, ils l’ont dissociée ;
Sournoisement, ils ont lâché
Le cruel serpent des luttes fratricides.
Des flots de sang coulèrent,
Éteignirent l’incendie,
Et les Germains se partagèrent
Les tristes décombres
Et les orphelins.
Ils grandirent dans les fers,
Les fils des Slaves,
Et oublièrent dans la servitude
Ce qu’ils étaient au monde.
Mais, dans les décombres de jadis,
L’étincelle de fraternité couvait.
Elle couvait, elle attendait
Des mains fortes et hardies.
Elles vinrent. Alors jaillit,
Du plus profond des cendres,
La belle flamme, le cœur hardi,
Les yeux d’aigle intrépides.
Tu as allumé, ô sage,
Le flambeau de la liberté
Et de la vérité.
Des Slaves la grande famille,
Dans les ténèbres de la servitude,
Tu as dénombré jusqu’au dernier :
Tu n’as compté que des cadavres