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jusqu’à ce jour, a été persécuté par les Polonais comme par les Russes ».

Karel Havliček Borovský développait la même pensée, en 1846, dans les Pražské Novinyǔ[1] :

« L’Ukraine[2] est la malédiction constante que les Polonais comme les Russes ont prononcée contre eux-mêmes… l’oppression de l’Ukraine se venge sur la Pologne comme sur la Russie ». Et après avoir évoqué Khmelnickij et Mazeppa, Havliček ajoutait : « Ainsi s’est éteint un peuple puissant, qui a eu pour maîtres d’une part les Polonais et de l’autre les Moscovites[3]. Les chevaleresques et brillantes dumy[4], se transmettant de siècle en siècle, feront connaître au monde l’infortune du peuple ukrainien ».

Deux ans après, le 19 décembre 1848, Havliček écrivait encore dans les Národní Listy :

« On ne peut pas ne pas s’étonner du crime, ou si vous voulez de l’ignorance criminelle de ceux qui s’imaginent pouvoir anéantir d’un trait de plume un peuple qui compte, en Europe, quinze millions d’âmes ».

Ševčenko n’avait donc pas tort de se tourner vers le peuple tchèque représenté par Šafařik. Ces textes montrent qu’il était assuré de trouver, dans l’antique Bohême de Jean Hus, une sympathie compréhensive, qui, de fait, ne lui a pas manqué.



L’HÉRÉTIQUE (JEAN HUS)


À Šafařik.

De méchants voisins ont incendié
La maison toute neuve et belle

  1. Journal de Prague.
  2. Dans l’original : « Ukrajina ».
  3. « Moskvany ».
  4. La duma était une forme de poésie populaire à la fois lyrique et épique, créée et chantée par les aèdes errants qui portaient le nom de kobzar.