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porte d’entrée principale du père-lachaise


AU PÈRE-LACHAISE


Au milieu de la ville, pleine d’animation et de bruit ; dans ce quartier de Paris le plus populeux, le plus laborieux et aussi le plus agité, la Cité des Morts s’étend, silencieuse oasis.

Les frondaisons touffues de ses grands arbres la font apparaître de loin, ainsi qu’un immense parc escaladant le flanc d’un coteau. Seuls, les dômes de deux ou trois monuments funéraires percent le mystère des feuillages, comme s’ils voulaient porter bien haut le témoignage architectural des vanités humaines.

Toutes les clameurs des fêtes du faubourg viennent se briser contre les murs de la nécropole qui, deux jours par an, a sa fête également. Pieux rendez-vous de cette population parisienne qu’on taxe de légèreté et d’insouciance, mais qui, cependant, garde profondément enracinés au fond du cœur le culte des morts et le respect des nobles traditions.

Aucune solennité n’est peut-être aussi touchante dans sa simplicité ; aucune, certainement, ne réunit mieux les puissants et les humbles, les riches et les pauvres, dans la même évocation des lugubres souvenirs.



On sait les origines de ce cimetière devenu, en moins d’un siècle, le lieu de repos de huit cent mille personnes. Après avoir fait partie des biens de l’évêché de Paris, sous le nom de Champ-Lévèque ; puis, s’être appelé Mont-Louis, sous Louis XIV, il fut donné par le grand monarque à son confesseur, le Père