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et là, au milieu de l’orgie, il entend vomir les plus sales et les plus ignobles injures contre la majesté royale. Il mande à son lit de justice les coupables, qu’il rend témoins d’abord du mariage de sa fille, et qu’il condamne à mort, comme convaincus du crime de lèse-majesté. Avec la toile, leurs têtes tombent sous la hache du bourreau, qui n’est autre qu’un chétif et rachitique bouffon qu’on a travesti de la sorte, pour lui donner le plaisir de se venger des hommes dont il a été la risée toute sa vie.

M. Saint-Ernest, l’un des auteurs de ce drame assez intéressant, et acteur fort estimé, a été parfait, surtout dans une scène du troisième acte. Saint-Firmin est un artiste plein de tact et de verve, qui a joué Gracioso le bouffon avec un comique achevé. Albert mérite aussi des éloges, quoiqu’il recherche trop l’effet. TH. V.


CHRONIQUE PARISIENNE.


(30 décembre 1837.)

La longueur de notre article sur Caligula, nécessitée par l’importance de cet ouvrage, nous a forcés de remettre à dimanche prochain le compte-rendu de Colmann, drame en cinq actes de M. Foucher qui vient de réussir à peu près à la Porte Saint-Martin.

Mardi dernier, M. Ségond, transfuge du petit théâtre du Panthéon, a débuté avec succès à l’Odéon par le rôle de Buller, dans les Deux Frères. Ce jeune artiste a été vivement applaudi, et nous espérons que son second début réalisera entièrement les espérances qu’il donne. Le théâtre des Variétés a repris, le lendemain du Caligula des Français, le sien qui avait eu, sous les traits d’Odry, un grand succès de bouffonnerie. A cette reprise, l’empereur des Variétés a débité au public les quatre vers suivans :

 « Messieurs, depuis cinq ans, vous savez tous cela,
» Nous avons en ces lieux joué Caligula.
» Je vous ai fait fréinir dans cette tragédie :
» Vous pourrez, aux Français, en voir la parodie. »

Ensuite le barbier Scévola est venu à cheval, et a fait au public l’annonce que voici :

Au théâtre-Français, ils n’ont pas de chevaux,
» Ils n’ont pas d’écurie, après tant de remises !
» Si les acteurs n’ont pas les couronnes promises,
» Que les bêtes, du moins, obtiennent vos bravos. »

En effet, un galop dansé par seize Romains à cheval, a terminé fort gaîment cette parodie qui se trouve, par un singulier hasard, avoir été faite cinq ans avant la tragédie de M. Alexandre Dumas. Cette tragédie burlesque de MM. Dumersan et Brazier, qui a été jouée cent fois, n’a pas cu moins de succès à sa reprise que dans sa nouveauté.


FIN DU CINQUIÈME VOLUME.