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sur un grand théâtre, elle écrivit, pour les Variétés Amusantes, une petite comédie morale : les deux Sœurs, qui obtint un franc et légitime succès. Quelques années plus tard, tout Paris courut aux Italiens voir Fanfan et Colas, et Rose, suite de Fanfan, deux comédies de Louise-Céline de Beaunoir[1] ; mais elle n’était que le prête-nom de son mari, déjà connu aux théâtres du boulevart par plus d’un succès. Ayant obtenu une place à la Bibliothèque-Royale, ses collègues, disait-on, avaient exigé qu’il ne donnât désormais ses pièces que sous le nom de sa femme. Quoi qu’il en soit, Mme de Beaunoir est auteur de plusieurs pièces, entr’autres du Mariage d’Antonio, petit opéra-comique représenté aux Italiens avec un certain succès. La musique était de Lucile Grétry, la fille du célèbre compositeur, à peine âgée de treize ans. Grétry écrivit dans les journaux que la musique d’Antonio était tout entière de sa fille, et qu’il avait seulement travaillé aux accompagnemens. Mlle Grétry fit plus tard Toinette et Louis, dont les paroles étaient de Patrat (mars 1787). Cette pièce eut peu de succès ; mais on applaudit beaucoup ce couplet final :

Jeunes rosiers, jeunes talens,
Ont besoin du secours du maître.
Un petit auteur de treize ans
Est un rosier qui vient de naître.
Il n’offre qu’un bouton nouveau.
Si vous voulez des fleurs écloses,
Daignez étayer l’arbrisseau ;
Quelque jour vous aurez des roses.

Puisque nous en sommes à des succès enfantins, je dois citer Mlle Necker (depuis Mme de Staël), qui, à l’âge de douze ans, composa une pièce en deux actes, intitulée : les Inconvéniens de la vie de Paris. Elle la fit jouer par les enfans de sa société à la maison de campagne de son père à Saint-Ouen, et y remplissait le principal rôle. Grimm en fut émerveillé ; il en tenait les détails de Marmontel qui, assis dans un coin du salon, avait écouté en pleurant de joie la première production d’une femme qui devait avoir tant de réputation. Les œuvres de Mme de Staël contiennent différentes pièces de théâtre, entr’autres une tragédie de Jeanne Gray, qu’elle composa dans sa jeunesse.

Terminons cet article trop incomplet peut-être, en citant Mme Perrier, morte à Paris en 1820, connue par différens ouvrages. Elle a composé des comédies en un acte, dont l’une a été jouée à la Porte-Saint-Martin, l’année même de sa mort. Marie Hadot, féconde romancière mit au jour, de 1804 à 1821, plus de cent volumes, dont quelques-uns eurent du succès ; On a représenté plusieurs mélodrames sous son nom à l’ancien théâtre de la Gaîté. Enfin Mme Valory, fit jouer Greuze, ou l’accordée de village, comédie-vaudeville. Un assez grand nombre de femmes ont gardé l’ano-

  1. Mme de Beaunoir est morte le 19 janvier 1821, âgée de 55 ans. Ses pièces et celles de son mari se trouvent dans le répertoire de Lepeintre.