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primer plus tard son drame, et dans sa préface, elle prétend qu’il ne lui a coûté que trois semaines de travail. La femme de Molé, excellente actrice, qui partageait la gloire de son mari, traduisit le drame de Kolzebue : Misanthropie et Repentir ; il fut représenté pour la première fois en 1798 avec un immense succès, et resta au répertoire ; on l’a joué encore cette année-ci. Enfin Catherine, ou la belle Fermière, comédie en trois actes, mêlée d’ariettes, que le public applaudit pendant long-temps au Théâtre-Français, est également d’une actrice, de Julie Candeille Mme Simons, qui en créa le principal rôle en 1793. Elle a donné aussi Cange, ou le Commissionnaire de Saint-Lazare, comédie qui fut traduite en allemand, et la Bayadère, ou le Français à Surate, pièce en quatre actes et en vers libres. Mme Talma, née Vanhove, a donné trois pièces au Théâtre-Français.

Mme de Montanclos, d’Aix, : directrice du Journal des Dames, n’eut pas moins de succès. Elle a fait représenter un assez grand nombre de pièces, soit aux Français, soit au théâtre Montansier. Je me contenterai de citer Robert le Bossu, pièce qui obtint la vogue à ce dernier théâtre en 1798, les trois Sœurs dans leur ménage, ou la suite de Robert, vaudeville en un acte, et le Déjeuner interrompu, comédie en deux actes et en prose, représentée avec succès aux Français ; le 17 mars 1783. Bachaumont lui accorde quelques éloges. Mme de Montanclos avait aussi composé une pièce à l’occasion de la naissance du dauphin ; mais le roi défendit qu’on jouât rien à ce sujet sur aucun théâtre.

Sans avoir un répertoire aussi étendu, la princesse de Salm-Dyck, Mme de Théis, s’est fait avantageusement connaître dans la littérature dramatique. Son opéra de Sapho, en trois actes, musique de Martini, représenté en 1794, eut plus de quatre-vingts représentations. Elle donna quelques années après, à la Comédie-Française, un drame en cinq actes et en vers : Camille, ou Amitié et Imprudence, qui fut fort bien accueilli. Quant à Mme la marquise de Gléon, qui fit paraître, en 1787, un recueil de comédies, nous nous contenterons de mentionner une de ses pièces : la Paysanne philosophe, qui fut jouée sur le théâtre de Marseille. Mme de Beauharnais est également comptée au nombre des auteurs dramatiques ; mais elle éprouva bien des contrariétés. On attribua ses pièces à Dorat, que Bachaumont appelle le teinturier de Mme la comtesse. La Fausse Inconstance, comédie en cinq actes et en prose, représentée en 1787, fut impitoyablement sifflée. Grimm attribue cette chute à une cabale. Les plaisans dirent à ce sujet que l’auteur avait perdu l’esprit à la mort de Dorat. Elle fit jouer aussi en société une petite comédie : le prince Rosier. Une Mme de Lorme ne fut pas plus heureuse ; elle risqua aux Français, en 1776, la Rupture, ou le Malentendu comédie qui tomba aussi platement qu’elle avait été faite, suivant les expressions peu galantes de Bachaumont.

Constatons maintenant quelques succès ; c’est moins triste. Mlle de Saint-Léger, fille d’un médecin de la faculté, avait déjà publié quelques ouvrages, lorsqu’elle débuta dans la carrière dramatique en 1783. N’osant se produire