Peuples, c'est devant vous que j'abjure à jamais
Vos coutumes, vos lois, vos solennels forfaits :
Ma raison par vos moeurs ne peut être obscurcie, [1355]
Ni mon instinct changé, ni mon âme endurcie ;
Malgré l'opinion, malgré sa cruauté,
Le sentiment l'emporte et mon coeur m'est resté.
Impie ! Ah ! Lanassa, condamnant ton audace,
À la mort d'elle-même avance dans la place. [1360]
Oui, par les droits du sang, méconnus sur ce bord,
J'empêcherai ma soeur de courir à la mort.
Arrêtez, inhumains qui formez son cortége,
Et par ma faible voix quand le ciel la protége,
Aux horreurs de son sort ne l'abandonnez pas : [1365]
Devez-vous plus qu'un frère exiger son trépas ?
Scène IV
égarée.
Où suis-je ? Où vais-je ? Dieux ! Autour de moi tout change.
Qui m'a pu transporter sur les rives du Gange ?
Quel fantôme voilé, ciel ! Je vois s'approcher ?...
Fuyons ; il me saisit ; il m'entraîne au bûcher ; [1370]
Il se découvre : arrête, époux impitoyable.