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C'est du pied de ces murs que tant d'ombres plaintives,

Semblent en se levant m'avouer de concert

Du coup inattendu qui les venge et vous sert. [1290]

J'ai vu de vos esprits la révolte soudaine,

Au premier bruit semé, que d'une main hautaine

Le chef des assiégeants prétendait arracher

Une fidèle veuve aux honneurs du bûcher ;

Brama qui la protège, et dont l'Inde est chérie, [1295]

Raffermit la coutume en sauvant la patrie ;

Il repousse par moi d'audacieux mortels,

Il conserve vos murs, et venge vos autels.

Au jeune bramine.

C'est vous que j'ai chargé d'amener la victime ;

Allez, ne tardez pas.

Le Jeune Bramine

Qui ! Moi ! Qu'après ton crime, [1300]

Soumis à tes fureurs, je coure la chercher ?

Que je traîne une femme à ce fatal bûcher ?

Tu violes la trêve et ces lois mutuelles,

Ce droit des nations au fort de leurs querelles ;

Et lâche incendiaire, odieux destructeur, [1305]

Tu voudrais me paraître un dieu libérateur !

Ah ! Lorsque ta fureur et ta haine couverte,

Du chef de ces français précipite la perte,

Connais-moi tout entier, et sache qu'aujourd'hui,

Pour sauver Lanassa, je me joignais à lui. [1310]

Le Grand Bramine

Qu'entends-je ? Tu formais une trame si noire,

Et m'oses insulter, toi, traître ?

Le Jeune Bramine