Ah ! Seigneur, commandez encore à vos esprits. [1190]
Redoutez aujourd'hui ce zèle fanatique,
D'où sortirait bientôt la révolte publique ;
Avec nous, dans ce temple, on sait votre entretien ;
Les esprits soulevés n'écouteraient plus rien.
Pour sauver Lanassa, quelque soin que je prisse, [1195]
Vous-même vous feriez presser le sacrifice.
Regagnez votre camp, pour Lanassa, pour vous ;
Dérobez-vous surtout à de perfides coups.
Eh bien ! Je veux t'en croire et suis sans défiance :
Mais de ton zèle ici pour première assurance, [1200]
Viens donc chez le grand-prêtre abjurer devant moi
Le ministère affreux qu'il n'a commis qu'à toi.
Que dites-vous ? Non, non ; il me faut, au contraire,
Feindre encor de garder ce fatal ministère :
Il serait aussitôt remis en d'autres mains ; [1205]
Le délai nous sert mieux contres des inhumains.
Je cède à tes raisons ; ton zèle me rassure.
Je servirai l'amour ; cours servir la nature.
Ma soeur me résistait ; mais je vais l'informer
Quel bras en sa faveur aujourd'hui va s'armer. [1210]
Le grand-prêtre s'avance ; adieu, seigneur ; je tremble
Que le barbare ici ne nous surprenne ensemble ;
Adieu, comptez sur moi.