Scène V
Vous n'avez point, madame, à craindre la présence
Du chef des assiégeants qui prend votre défense,
Et n'ayant pu vous voir, ni même l'espérer,
Il ne vous cherchera que pour vous délivrer. [1070]
Mais contre la rigueur d'un usage barbare,
Trop hautement, pour vous, ce guerrier se déclare.
Ce héros dans ces lieux n'est point en sûreté :
J'ai vu le fanatisme et ce peuple irrité ;
Le bramine jaloux de garder sa victime, [1075]
Contre cet étranger lui-même les anime ;
Il le peint dans nos murs comme un monstre odieux,
L'ennemi de nos lois, l'ennemi de nos dieux.
Je crains de ces clameurs quelque suite sanglante.
Au jeune bramine.
Engagez-le à cacher l'appui qu'il vous présente, [1080]
Ou les soins du guerrier qui vous sert aujourd'hui,
Peut-être vains pour vous, vont tourner contre lui.
Eh quoi ! Malgré la trêve, il périrait, Fatime !
J'ai trop tardé, sans doute, à livrer la victime.
Je cours de mon bûcher ordonner les apprêts. [1085]
Ô ciel ! Qu'allez-vous faire ?