M'aida dans mes ennuis à supporter le jour,
De tout ce que j'aimais sans retour séparée,
Par ta fatale absence au désespoir livrée,
Aide-moi maintenant à quitter sans effroi
Ce jour que Lanassa n'eût aimé que pour toi. [950]
Scène II
La parole, Madame, à vos parents donnée,
Ne laisse aucun retour à votre âme enchaînée.
Au sang dont vous sortez votre vertu répond ;
Et si j'en crois la paix qu'on voit sur votre front,
Vous chérissez sans doute une promesse austère, [955]
Qui ne vous permet plus un regard vers la terre.
Votre âme a déjà pris, dans ses devoirs pressants,
Un courage au-dessus des révoltes des sens ;
Elle s'élance aux cieux, où, pure et sans mélange,
Sa source fut cachée avec celle du Gange. [960]
Si vous quittez la vie et ses vaines douceurs,
Vous honorez nos lois, vous consacrez nos moeurs ;
Vous en raffermissez les profondes racines ;
Vous transmettez l'exemple à d'autres héroïnes ;
Vous conservez l'honneur de ceux qui vous sont chers ; [965]
Du bûcher vous régnez jusque sur les enfers,
Et si pour expier jusqu'aux moindres souillures,
Votre époux est tombé dans ces lieux de tortures,