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En quel jour nous rejoint la colère céleste ! [450]
Ah ! Cruel ! Dont le sort vient de m'être éclairci,
Rends-moi cet inconnu qui me plaignait ici.
Que me dis-tu ?
Vois donc, vois quelle est ma misère !
Tu dois vouloir ma mort, si tu naquis mon frère.
Moi ! Vouloir ton trépas ? Quel délire ! Ah ! Ma soeur ! [455]
Si je le suis, commence à me fermer ton coeur.
Le frère exhorte ici la soeur au sacrifice ;
Mon honneur et le tien veulent qu'il s'accomplisse.
Ma famille t'attend autour de mon bûcher ;
Il ne t'est plus permis de te laisser toucher. [460]
Le droit du sang n'est rien, tu dois être barbare :
Ce qui rapproche ailleurs, est ce qui nous sépare ;
L'ordre de la nature est renversé pour nous :
Et de frère et de soeur les noms toujours si doux,
Perdent entre nous deux leur charme, leur empire, [465]
Se tournent contre nous, et veulent que j'expire.
Mes yeux sont dessillés, je te dois mon secours ;
Je ne connais plus rien que le soin de tes jours.
Que m'importent vos lois ? Que me fait votre usage ?
De tout braver pour toi je me sens le courage. [470]