Pour le siége un moment doive être suspendu,
Ah ! N'est-ce pas plutôt par de tels sacrifices,
Qu'il faut à nos guerriers rendre les dieux propices ?
Cet usage établi par la nécessité, [255]
Par la religion fut encore adopté,
Et la loi des bûchers une fois rejetée,
Où s'arrêterait-on ? Une coutume ôtée,
L'autre tombe ; nos droits les plus saints, les plus chers,
Nos honneurs sont détruits, nos temples sont déserts. [260]
Plus la coutume est dure, et plus elle est puissante ;
Toujours devant ces lois de mort et d'épouvante,
Les peuples étonnés se sont courbés plus bas :
Si ces étranges moeurs n'étaient dans nos climats,
Quel respect aurait-on pour le bramine austère ? [265]
Des maux qu'il s'imposa la rigueur volontaire
Serait traitée alors de démence et d'erreur ;
Mais quand d'autres mortels, imitant sa rigueur,
Portent l'enthousiasme à des efforts suprêmes,
Et savent comme nous se renoncer eux-mêmes, [270]
Alors le peuple admire, il adore et frémit ;
L'ordre naît, l'encens fume et l'autel s'affermit.