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Quelques défauts qu’on puisse signaler dans ces petits poèmes couronnés, on ne peut s’empêcher de trouver injustes et violentes les amères critiques d’Alphonse Karr, qui, à plusieurs reprises et jusqu’en ces dernières années, s’est acharné contre Mme Colet. On se demanderait même quelle peut être la cause de ces persécutions et de cette haine, si l’on ne savait que M. Karr a encore plus de fiel que de verve et plus de malice que d’esprit.

Nous n’entrerons pas dans le détail de tous les ouvrages de Mme Colet ; énumérons seulement les principaux, car cet écrivain a tout tenté et exploré tous les genres. Tantôt c’est le roman, le récit de voyage, l’autobiographie, qui l’attirent ; tantôt c’est le livre politique ou bien le drame.

Le poème couronné de 1839 n’avait pas été le début de Mme Colet dans la littérature ; dès 1836, elle avait publié un ouvrage de fantaisie, les Fleurs du Midi, qui la signala à l’attention du public dès son arrivée à Paris.

En 1840, elle compose les Funérailles de Napoléon, dont toutes les pages sont empreintes de cet esprit libéral du temps qui s’accommodait encore de la légende de Sainte-Hélène ; puis, ce sont des ouvrages d’une inspiration toute différente qui se succèdent : Penserosa, œuvre d’imagination, empreinte d’une douce mélancolie, précède le Marabout de Sidi-Brahim (1845).

Vers 1846, l’allure de la pensée change, la voix de l’écrivain prend un autre ton ; c’est le Réveil de la Pologne, sorte de petite épopée populaire et de cathéchisme libéral pour l’émancipation des peuples asservis.

En même temps, Mme Collet après plusieurs imitations de Shakespeare, écrivait pour la scène une œuvre originale, Charlotte Corday et Madame Roland.

Le succès ne devait pas en être assez heureux pour qu’elle persévérât dans la carrière dramatique : on ne saurait le regretter.

D’ailleurs le torrent des événements politiques allait attirer son attention et la tournure que prenaient les événements exciter son enthousiasme.

Elle accueillit, elle salua avec transport la révolution de 1848 qui ramena la liberté et rétablit dans leurs droits les neuf dixièmes des Français : ses ouvrages d’alors, la Premiêre journée de la République et surtout son Chant patriotique sont pleins