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La voie de Caïn.

premier incrédule se manifeste par toute sorte de voies de méchanceté ; la source qui devait découler en « toute souillure et superfluité de malice » (Jacq. I. 21) jaillissait en lui déjà : Caïn ose se justifier, et il ment. Il voulait accomplir les désirs de « son père, le diable, » qui « n’a point persévéré dans la vérité, car il n’y a pas de vérité en lui : s’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur et le père du mensonge » (Jean VIII, 44). « Mais ne vous abusez pas, dit l’apôtre, on ne se moque pas de Dieu : ce que l’homme aura semé, il le moissonnera aussi » (Gal. VI, 7). « Et Dieu dit : Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi ; maintenant donc tu seras maudit… » (Gen. IV, 10-12).

Toutefois Dieu tarde à frapper ; il use de sa longue patience à l’égard de Caïn, et il l’épargne encore ; « il met une marque sur lui afin que quiconque le trouverait ne le tuât point » (Gen. IV, 15). Quant à son gouvernement de ce monde, Dieu épargne encore le meurtrier de son frère et ne veut pas qu’aucun homme lève la main contre lui. Dieu dans sa patience et pour manifester le fond du cœur de l’homme, abandonne l’homme à ses propres voies ; et ce n’est que plus tard, quand le moment fixé par ses conseils est venu, qu’il établit un gouvernement sur la terre et plaça le glaive entre les mains de l’homme. Alors il dit à Noé : « Celui qui aura répandu le sang de l’homme…, par l’homme son sang sera répandu » (Gen. IX, 6). Mais lors du crime de Caïn, Dieu ne permit pas à un seul membre de la famille humaine de porter la main sur le meurtrier d’Abel ; il voulait faire comprendre à l’homme que la méchanceté de Caïn était celle de tout homme ; il voulait que tous