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D. — Respect de la personne humaine. — En aucun cas, sous aucun prétexte et sous aucune forme, le syndicalisme français ne peut admettre, entre les personnes, des distinctions fondées sur la Race, la Religion, la Naissance, les Opinions ou l’Argent.

Chaque personne humaine est également respectable. Elle a droit à son libre et complet épanouissement dans toute la mesure où celui-ci ne s’oppose pas à l’intérêt de la collectivité.

Le syndicalisme ne peut admettre en particulier :

— L’antisémitisme,

— Les persécutions religieuses,

— Les délits d’opinion,

— Les privilèges d’argent.

Il réprouve en outre tout régime qui fait de l’homme une machine inconsciente, incapable de pensée et d’actions personnelles.

E. — La liberté. — Le syndicalisme a été et demeure fondé sur le principe de la liberté : il est faux de prétendre aujourd’hui que la défaite de notre pays est due à l’exercice de la liberté des citoyens, alors que l’incompétence de notre état-major, la mollesse de nos administrations et la gabegie industrielle en sont les causes intérieures.

La liberté syndicale doit comporter :

— Le droit pour les travailleurs de penser ce qu’ils veulent, d’exprimer comme ils l’entendent, au cours des réunions syndicales, leurs pensées sur les problèmes de la profession ;

— Le droit de se faire représenter par des mandataires élus par eux ;

— Le droit d’adhérer à une organisation syndicale de leur choix ou de n’adhérer à aucune organisation ;

— Le droit de ne pas voir les organisations syndicales s’ingérer dans la vie privée.

La liberté peut comporter des abus. Il est moins important de les réprimer que d’éviter leur renouvellement. À cet égard, l’éducation ouvrière, mieux que toutes les menaces ou contraintes, doit donner aux travailleurs les connaissances et les méthodes d’action et de pensée nécessaires pour prendre conscience des intérêts généraux du pays, de l’intérêt de la profession et de leur véritable intérêt particulier. Il appartiendra aux professions d’organiser, sous le contrôle des syndicats et de l’État, cette éducation ouvrière.

F. — Collaboration internationale. — Si le syndicalisme n’a pas à intervenir à la place de l’État dans la politique du pays, il doit néanmoins se préoccuper :

— des conditions internationales de la production.

— du sort du travailleur dans le monde entier.

— de la collaboration entre les peuples, génératrice de mieux-être et de progrès.