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Le syndicalisme est un mouvement collectif ; il n’est pas la somme d’un grand nombre de petits mouvements individuels. Les hommes n’ont pour lui de valeur que dans la mesure où ils servent sa cause et non la leur.

Toute l’histoire du syndicalisme prouve d’ailleurs que c’est par l’action collective que la défense des intérêts individuels est le mieux assurée.

C. — Place du syndicalisme dans l’État. — Le syndicalisme ne peut pas prétendre absorber l’État. Il ne doit pas non plus être absorbé par lui.

Le syndicalisme, mouvement professionnel et non politique, doit jouer exclusivement son rôle économique et social de défense des intérêts de la production. L’État doit jouer son rôle d’arbitre souverain entre tous les intérêts en présence.

Ces deux rôles ne doivent pas se confondre.

D’autre part, l’action syndicale et la souveraineté de l’État s’exerceront d’autant plus facilement que les professions seront organisées.

Cette organisation professionnelle indispensable ne doit pas faire échec à l’action d’un organisme interprofessionnel capable d’avoir, sur les problèmes économiques et sociaux, une vue d’ensemble et de pratiquer une politique de coordination. L’organisation des professions dans des cadres rigides aboutirait à un système étatiste et bureaucratique.

La suppression définitive des grandes confédérations interprofessionnelles nationales serait, à cet égard, une erreur.

Il n’y a pas à choisir entre le syndicalisme et le corporatisme. Les deux sont également nécessaires.

La formule de l’avenir c’est :
le syndicat libre dans la profession organisée et dans l’État souverain.

De la souveraineté de l’État et de l’efficacité de son rôle d’arbitre dépend la suppression pratique de la grève, en tant que moyen de défense des travailleurs. Il serait inique de priver ces derniers de tous moyens d’action, si l’État ne se porte pas garant, vis-à-vis d’eux, de l’application stricte de la législation sociale et du règne de l’équité dans les rapports sociaux.

La lutte des classes qui a été jusqu’ici un fait plus qu’un principe ne peut disparaître que :

— par la transformation du régime du profit.

— par l’égalité des parties en présence dans les transactions collectives.

— par un esprit de collaboration entre ces parties, esprit auquel devra se substituer, en cas de défaut, l’arbitrage impartial de l’État.