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III — PRINCIPES DU SYNDICALISME FRANÇAIS

Le syndicalisme français doit s’inspirer de six principes essentiels :

A. — Il doit être anticapitaliste et, d’une manière générale, opposé à toutes les formes de l’oppression des travailleurs ;

B. — Il doit accepter la subordination de l’intérêt particulier à l’intérêt général ;

C. — Il doit prendre dans l’État toute sa place et seulement sa place ;

D. — Il doit affirmer le respect de la personne humaine, en dehors de toute considération de race, de religion ou d’opinion ;

E. — Il doit être libre, tant dans l’exercice de son activité collective que dans l’exercice de la liberté individuelle de chacun de ses membres ;

F. — Il doit rechercher la collaboration internationale des travailleurs et des peuples.

A — Anticapitaliste. Le syndicalisme a été le premier à comprendre et à dénoncer la responsabilité du capitalisme dans les crises économiques et les convulsions sociales et politiques de l’après-guerre.

Les Financiers et les Trusts internationaux, de grandes Sociétés anonymes, des collectivités patronales, véritables féodalités économiques, groupements menés par un nombre limité d’hommes irresponsables, ont trop souvent sacrifié les intérêts de la Patrie et ceux des travailleurs au maintien ou à l’accroissement de leurs bénéfices. Ils ont systématiquement arrêté le développement de la production industrielle française par leurs opérations monétaires, les exportations de capitaux, le refus de suivre les autres nations dans la voie du progrès technique.

Ils sont plus responsables de la défaite de notre pays que n’importe quel homme politique, si taré ou incapable soit-il.

Au régime capitaliste doit succéder un régime d’économie dirigée au service de la collectivité. La notion Profit collectif doit se substituer à celle du Profit individuel. Les entreprises devront désormais être gérées suivant les directives générales d’un plan de production, sous le contrôle de l’État avec le concours des syndicats de techniciens et d’ouvriers. La gestion ou la direction d’une entreprise entraînera, de plein droit, la responsabilité pleine et entière pour toutes les fautes ou abus commis.

C’est ainsi et ainsi seulement que le chômage pourra être supprimé, que les conditions de travail pourront être améliorées de façon durable et aboutir au bien-être des travailleurs, but suprême du syndicalisme.

B. Subordination de l’intérêt particulier à l’intérêt général. — Cette subordination doit être effective dans tous les domaines et, en particulier, à l’intérieur des organisations syndicales elles-mêmes.

L’excès d’individualisme a toujours empêché dans notre pays toute action collective coordonnée, chacun croyant avoir le droit, après avoir exprimé son point de vue, d’entraver par son action personnelle l’application des décisions nécessaires prises par la majorité.