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[— Alors que les organisations syndicales confédérées ou chrétiennes, n’ont jamais cessé d’affirmer que la paix devait et pouvait être préservée dans une collaboration internationale basée sur l’esprit de justice.

Nous pouvons aller plus loin][1]

Qui a le premier critiqué les excès du capitalisme ?

Qui a dénoncé les dangers d’un libéralisme etd’un individualisme excessifs, à une époque où l’économie du pays avait besoin d’une direction énergique de la part de l’État ?

Qui a prévu les conséquences de la coure aux armements, commencée à une période où la paix pouvait encore être préservée ?

Qui a dénoncé les erreurs de la politique extérieure de la plupart des gouvernements qui se sont succédé en France depuis 1939 ?

Qui, sinon le syndicalisme français ?

Il suffit, pour se convaincre de ces vérités élémentaires, de relire les motions votées par les différents congrès de la CGT et de la CFTC ainsi que les « Plans » élaborés par ces deux Confédérations.

Le syndicalisme français n’est donc pas responsable de la situation actuelle. Il n’en reste pas moins qu’il a commis des fautes :

— certains de ses membres ont trop liés l’existence du mouvement syndical à celle des partis politiques et d’un parlement discrédité ;

— le mouvement syndical, pour une trop large part, a souvent sacrifié, surtout à sa base, à la satisfaction de revendications immédiates, la recherche de solutions économiques d’ensemble et de réformes de structure ;

— l’existence de politiques de tendances et de politiques individuelles a rompu la cohésion ouvrière et diminué l’efficacité de l’action syndicale.

II — LE PRÉSENT

Quelle est la situation présente du syndicalisme français ?

Il faut avoir le courage de le reconnaître : les ouvriers, dans leur majorité, se désintéressent de leurs organisations dans la mesure où ils ont le sentiment que celles-ci ne leur apportent ni une idéologie satisfaisante ni un programme adapté aux circonstances ni une défense efficace de leurs intérêts professionnels.

D’autre part, ils ne pourront reconnaître comme authentiquement ouvrières des organisations dont les chefs ne seraient pas librement choisis par eux et dont l’activité s’exercerait sous la tutelle de l’État

Il importe donc, si l’on veut regrouper les ouvriers autour de leurs syndicats :

— d’affirmer ou de réaffirmer les principes idéologiques du syndicalisme français ;

— de préciser les rapports qui doivent exister entre le syndicalisme et l’Etat ;

— d’établir le cadre dans lequel le syndicalisme devra évoluer et les méthodes qu’il peut employer.

  1. Note Wikisource : le passage entre crochets manque sur le fac-similé.