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LE SYNDICALISME FRANÇAIS,
CE QU’IL DEMEURE, CE QU’IL DOIT DEVENIR

Le syndicalisme français, malgré ses difficultés intérieures, malgré la défaite du pays, malgré la misère de la classe ouvrière, est toujours vivant.

Mais il lui manque, pour reprendre la place à laquelle il a droit dans l’activité économique et sociale de la France, de savoir dans quelle direction, selon quels principes, doit s’exercer aujourd’hui son action.

Doit il renier son passé ?

Doit-il tenter de le ressusciter sans tenir compte des réalités présentes ?

Doit il, fidèle à un certain nombre de principes essentiels, mais respectueux des faits, déterminer à nouveau ses objectifs, et les moyens à employer pour les atteindre ?

C’est à ces questions essentielles qu’un groupe de syndicalistes français désirent répondre, sans aucun esprit de secte, sans préoccupation politique, sans tenir compte d’aucune pression extérieure.

I — LE PASSÉ

Tout d’abord, il ne saurait être question de renier le passé. L’action syndicale, sous des formes diverses, a déterminé une évolution de la classe ouvrière vers une amélioration continue de ses conditions d’existence.

Cette évolution a comporté des périodes ascendantes et des périodes de stagnation, mais, si l’on prend des termes de comparaison sur un grand nombre d’années, son caractère favorable aux ouvriers ne peut être contesté.

La guerre et la défaite sont venues porter un coup terrible à l’œuvre du syndicalisme.

Mais peut-on dire que celui-ci soit responsable des désastres qui ont frappé notre pays :

— alors qu’aucune des solutions et réformes qu’il a préconisées n’a été appliqué par un gouvernement en temps utile ;

— alors qu’aucun groupement syndicale français n’a été appelé à prendre sa part des responsabilités du pouvoir ;

— alors que l’action syndicale a pu être brimée dans notre pays au moment même où l’action des Français et la collaboration ouvrière à l’œuvre nationale étaient plus que jamais nécessaires ;