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former à leur image de bons et solides chanteurs pour nos scènes lyriques françaises.

Mme Yveling RamBaud reprend ses cours et leçons de chant, de diction et de déclamation dramatique, chez elle, 86, rue de la Victoire.

— Cours et Leçons. — L’École préparatoire au professorat de piano, fondée et dirigée par Mlle Hortense Parent, a rouvert ses portes le 16 octobre. Les deux écoles d’application, sous forme de cours pour les jeunes filles du monde, ont fait leur rentrée le 12 octobre (rue de Buci, 12 et rue Joubert, 33.) — Mlle Félicienne Jarry a repris chez elle, 22, rue Troyon, ses leçons de piano, chant et solfège. — Mlle A. Ducasse, 13 bis rue d’Aumale, a repris ses leçons de chant et auditions. — Mme Lannes, 7, rue Bréa, reprend ses cours de chant et leçons particulières. — Mlles Donne ont repris leurs cours de solfège et de piano et leurs leçons particulières, chez elles, 18, rue Moncey. — Mlles Willard et Fillau ont repris leur cours de solfège à l’Institut Rudy, 4, rue Caumartin à partir du mercredi 14 octobre, — Mme Bollaert-Plé, professeur de chant, reprend ses cours ses leçons chez elle, 16, avenue Trudaine ; accompagnateur, M. Ch. Levadé. — Les cours de piano, solfège et chant de Mme Henry Marchand ont recommencé le jeudi 15 octobre, 6, rue de l’Isly. — Mlle Henriette Thuillier a repris ses cours piano et de musique d’ensemble chez elle, 24, rue Le Peletier et au cours d’Éducation de Roche, 15, rue Cortambert. Audition des œuvres de Raoul Pugno, Théodore Dubois, Bourgault-Ducoudray. — Mme Cartelier reprend ses cours et leçons de chant, 19, rue de Berlin. — Mme et Mlle Véras de la Bastière reprennent, leurs cours et leçons de piano et de chant, 115, faubourg Poissonnière. — Marie Rueff reprend ses leçons et cours de chant, 7, rue de Courcelles. — Mme André Gedalge a repris, chez elle, 130, faubourg saint-Denis, ses cours et leçons de chant, harmonie et préparation aux certificats d’aptitude pédagogique à l’enseignement musical (lycées, écoles normales, etc.). — Le compositeur A. Trojelli reprend ses leçons de piano, 25, rue Ruhmkorff. — M. Paul Séguy a repris ses cours et leçons de chant, suivant la méthode Faure, dans son nouvel appartement, 3, rue de la Terrasse. — M. et Mme Chassing ont repris leurs cours et leçons de chant et de piano, 83 bis, boulevard Richard-Lenoir. — M. et Mme Weingaertner reprennent leurs cours et leçons de piano, violon et accompagnement, 20, rue Richer. — Mme L. Jouanne reprend ses cours de piano et solfège, 77, rue d’Amsterdam. — Mme Renée Richard, de l’Opéra, a repris chez elle, 63, rue de Prony, ses cours et leçons de chant et de déclamation lyrique. — M. Sigismond de Stojowski, rentré à Paris, a repris ses cours de composition musicale et de piano, chez lui, 12, rue Léo-Delibes. — M. J.-Ch. Hess, 5. rue de Condé, ouvre des cours de piano pour les enfants de quatre à cinq ans qui ne savent ni lire ni écrire. — M. Charles René a repris ses cours de piano à l’institut Rudy, 4, rue de Caumartin (les mardis de 2 à 4 heures), et les cours d’harmonie (lundi de 2 à 4 heures), chez lui, 36 bis, rue Ballu.

NÉCROLOGIE

Antoine Bruckner, le célèbre compositeur viennois dont nous avons annoncé la mort, a eu à ses obsèques des honneurs extraordinaires. À Vienne le bourgmestre lui a consacré un panégyrique en pleine séance du conseil municipal, et le conseil a voté les frais de l’enterrement. Le Conservatoire a fait flotter, en signe de deuil, un drapeau noir au sommet du monument. La maison mortuaire, au palais impérial du Belvédère, avait été décorée, par ordre de l’empereur, de fleurs et de plantes provenant des serres impériales : la société Richard Wagner, les orphéons Wiener Maennergesang-Verein et Schubertbund, l’orchestre philharmonique, les étudiants de l’Université de Vienne et plusieurs sociétés musicales de province avaient fait déposer des couronnes par des députations. Le corbillard, tout couvert de fleurs et de couronnes et attelé de six chevaux noirs, transporta le corps à l’église Saint-Charles-Borromée, accompagné par la famille des représentants du gouvernement, de l’Université, du Conservatoire, du conseil municipal, de la surintendance générale des théâtres impériaux, de l’Opéra-Impérial, des sociétés musicales, de tous les théâtres viennois, ainsi que par les plus notables compositeurs et musiciens de la capitale autrichienne. Les sociétés chorales ont chanté dans l’église un Libera et le beau chœur de Schubert : Dors en paix ; Hans Richter a fait finalement exécuter par des artistes de l’orchestre philharmonique la musique funèbre intercalée dans l’adagio de la septième symphonie de Bruckner, qui produisit dans la vaste église un effet grandiose. Après le service à l’église Saint-Charles, l’enterrement a eu lieu à l’église abbatiale de Saint-Florian (Haute-Autriche), où de grands honneurs ont été rendus à l’ancien organiste de cette église par l’abbé et les religieux, ainsi que par tout le clergé du diocèse. Plus de cinquante curés de la Haute-Autriche assistaient à la solennité. Le corps de Bruckner, qui a été conservé par les soins d’un de ses amis, repose dans un splendide cercueil en cuivre qui restera exposé, selon les dernières volontés du défunt, sous l’orgue de l’église abbatiale. Promesse en avait été faite à l’artiste de son vivant. Les parutions autographes de ses œuvres principales, de ses neuf symphonies, de ses trois grandes messes, de son fameux quintette, du Te Deum, du psaume 156 et du chœur Heligoland sont léguées à la bibliothèque impériale de Vienne. C’est ainsi que Bruckner a royalement payé l’hospitalité que l’empereur accorda à l’artiste pendant les dernières années de sa vie.

M. Henry E. Abbey, le fameux manager américain, a succombé à New-York, le 17 octobre, à une hémorragie d’estomac, à peine âgé de cinquante ans. Ses commencements, qui remontent à plus d’un quart de siècle, furent fort modestes. Dans la petite ville d’Akron (Ohio), il fit ses premières armes comme, manager d’un acteur américain, mais il arriva rapidement à une situation plus importante ; au cours de ces vingt dernières années, Abbey a promené à travers les États-Unis des artistes comme la Patti, la Nilsson, Sarah Bernhardt, Henry Irving et Edwin Booth, pour ne citer que les grandes étoiles. C’est Abbey qui avait, porté ce système des étoiles à son apogée, mais aussi à son cataclysme. « Je prends les meilleurs artistes du monde, nous expliquait-il un jour sur la terrasse d’un café parisien, je leur donne sans aucun marchandage tout ce qu’ils demandent, et ensuite je publie dans les journaux exactement ce qu’ils me coûtent pour expliquer mon tarif de places. C’est fort simple, et je m’en suis toujours fort bien trouvé. » Cet entretien avait lieu pendant l’Exposition de 1889 : le pauvre Abbey, qui avait déjà brillamment réussi dans tant d’entreprises théâtrales et musicales — c’est lui qui avait inauguré le Metropolitan-Opera-House et avait gagné énormément d’argent, avec le pianiste Joseph Hofmann, l’enfant prodige — devait faire l’expérience que le système qui lui avait réussi si longtemps n’était pas exempt de dangers. Il y a quelques mois, Abbey, qu’en Europe on croyait millionnaire, devait déposer son bilan, et l’actif de son entreprise couvrait à peine la moitié de son passif. Un chagrin intime, une instance en divorce avec sa seconde femme, contribua à épuiser les forces vitales de cet homme si énergique qui paraissait bâti, il y a quelques années encore, pour résister même au surmenage terrible qu’il s’imposait en vrai Yankee, soucieux de réunir autant de dollars que possible. « Le roi des managers », comme Abbey fut surnommé en Amérique, où on connaît aussi les royautés du blé, du pétrole, des chemins de fer et autres, gardera néanmoins une place marquée parmi les improsari de haute volée, les Barbaja, les Meroili, les Slrakoscli, les Gye, les Mapleson, qui ont amusé notre siècle expirant.

O. B.

— L’enterrement d’Henry Abbey a eu lieu à New-York, dans l’église catholique de Saint-Paul. Le défunt s’était converti au catholicisme il y a quelques années, après la mort de son fils unique, qui lui-même avait embrassé la foi catholique. Une foule énorme se pressait dans l’église et dans les rues avoisinantes, et les principaux artistes des deux mondes, entre autres la Patti, Mme Melba, les frères de Reszké et sir Henri Irving, avaient fait déposer des couronnes et des fleurs. Presque tous les théâtres de Londres et de New-York avaient envoyé des couronnes, et deux grands fourgons remplis de fleurs et de ces couronnes, suivaient le corbillard. Un Requiem fut chanté par la maîtrise et, à la fin, trente-cinq musiciens exécutèrent l’inévitable marche funèbre de Chopin.

— Nous enregistrons avec regret la mort d’un excellent homme qui fut un écrivain honnête, et qui n’a connu que des amis au cours d’une carrière aussi longue qu’honorable. Henry Trianon, conservateur honoraire à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, est mort le 17 de ce mois, à l’âge de 86 ans. Collaborateur, jadis, de nombreux journaux et revues, Trianon s’est fait connaître comme auteur dramatique, d’abord par une comédie en deux actes et en vers, le Coq de Mycile, représentée au Théâtre-Français. Il était devenu ensuite le collaborateur de plusieurs de nos musiciens, à qui il avait fourni des livrets d’opéras. C’est ainsi qu’il avait donné à l’Opéra-Comique, avec Duprato Salvator Rosa, avec Eugène Gautier le Trésor de Pierrot, au Théâtre-Lyrique avec Jules Cohen les Bleuets, dont le rôle principal fut créé par Christine Nilsson, à l’Opéra enfin, avec Limnander le Maître Chanteur, et avec Théodore Labarre Pantagruel. Un incident singulier se produisit au sujet de cette dernière pièce, dont la première représentation eut lieu en présence de l’empereur et de l’impératrice. On s’imagina tout à coup que la censure avait laissé passer sans les voir des allusions politiques perfides et absolument inconvenantes. Des allusions politiques ! de la part de Trianon ! et avec un musicien qui était accompagnateur de la chapelle impériale !… C’était assurément invraisemblable. Néanmoins il y eut scandale, forte semonce adressée aux censeurs, et par-dessus tout interdiction de rejouer Pantagruel, dont la première représentation fut aussi la dernière.

— À Milan vient de mourir, à l’âge de 56 ans, un pianiste et organiste distingué, Eugenio Mazzucchelli, connu aussi par d’assez nombreuses compositions

— On annonce la mort, à Naples, du compositeur Vincenzo Moscuzza, qui était né à Syracuse au mois d’avril 1827. Après avoir fait dans sa ville natale de bonnes études de contrepoint et de composition, il eut l’extraordinaire fortune, à peine âgé de vingt-trois ans, de voir s’ouvrir toutes grandes devant lui les portes du théâtre San Carlo de Naples, dont l’accès est d’habitude entouré de tant de difficultés. C’est sur cette scène célèbre qu’il donna ses premiers ouvrages, tous de caractère sérieux : Stradella (1850), Eufemia di Napoli (1851)) Carlo Gonzaga (1857), et Don Carlos, infante di Spagna (25 mai 1862). En 1863 il faisait représenter à la Pergola de Florence Piccardo Donati, en 1869, à Syracuse, Gonzales Davilla, que ses concitoyens accueillirent avec enthousiasme, et le 5 juin 1875 il abordait le genre bouffe en donnant au Politeama de Florence un ouvrage intitulé Quattro Rustici, dont on vantait le finesse et l’élégance. Enfin, au mois de mai 1877, il se présentait pour la dernière fois au public en faisant jouer à Malte sa Francesca da Rimini. Chose singulière en effet, cet artiste, qui avait débuté d’une façon brillante, ne reparut jamais au théâtre à partir de ce moment, bien que, dit-on, il ait écrit encore quatorze opéras ! Au reste, la renommée de Moscuzza n’a jamais dépassé les frontières de son pays, et je ne sache pas qu’un seul de ses ouvrages ait été joué à l’étranger.


Henri Heugel, directeur-gérant.

imprimerie centrale des chemins de fer. — imprimerie chaix, rue bergère, 20, paris. (Encre Lorilleux)